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connaître ce qui t’afflige le plus. Tu regrettes d’avoir rencontré un endroit contraire à tes études, car, comme dit le même poète : Tout le chœur des écrivains aime les bois et fuit les villes[1]. Toi aussi, dans une épître, tu as exprimé la même pensée en d’autres termes : La forêt plaît aux Muses ; la ville est ennemie des poètes[2]. Si jamais le tumulte intérieur de ton imagination venait à s’apaiser, crois-moi, ce tapage qui se fait autour de toi, frapperait tes sens, mais n’affecterait point ton âme. Pour ne pas te répéter ce que tu sais depuis longtemps, tu as sur ce sujet une lettre de Sénèque qui n’est point inutile[3] ; tu as du même le livre sur la Tranquillité de l’âme ; tu as sur les moyens de guérir cette maladie mentale un livre excellent de Cicéron, qui est le résumé des discussions qui eurent lieu le troisième jour dans sa terre de Tusculum et qu’il a adressé à Brutus[4].

Pétrarque. Vous saurez que j’ai lu tout cela avec soin.

S. Augustin. Eh bien ! cela ne t’a donc servi à rien ?

Pétrarque. Si fait, cela m’a beaucoup servi on lisant, mais le livre une fois échappé de mes mains, toute mon approbation disparait.

S. Augustin. Cette manière de lire est

  1. Horace, Épîtres, II, 2, 77.
  2. Pétrarque, Épîtres, II, 2, 77.
  3. Lettres, LVI.
  4. Tusculanes, III.