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travers les vallées sans découvrir un accès plus doux, mais ayant allongé ma route et doublé inutilement ma peine. Déjà, accablé de lassitude, je regrettais d’avoir fait fausse route et je résolus tout de bon de gagner le sommet. Lorsque, plein de fatigue et d’anxiété, j’eus rejoint mon frère, qui m’attendait et s’était reposé en restant longtemps assis, nous marchâmes quelque temps d’un pas égal. À peine avions-nous quitté cette colline, voilà qu’oubliant mon premier détour, je m’enfonce derechef vers le bas de la montagne ; je parcours une seconde fois les vallées et, en cherchant une route longue et facile, je tombe dans une longue difficulté. Je différais la peine de monter ; mais le génie de l’homme ne supprime pas la nature des choses et il est impossible qu’un corps parvienne en haut en descendant. Bref, cela m’arriva trois ou quatre fois dans l’espace de quelques heures, non sans faire rire mon frère, mais à mon grand déplaisir. Après avoir été si souvent déçu, je m’assis dans une vallée.

Là, sautant par le vol de la pensée des choses matérielles aux immatérielles, je me parlais à moi-même en ces termes ou à peu près : « Ce que tu as éprouvé tant de fois aujourd’hui en gravissant