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papier et que mes vers agités produisent un doux murmure. Souvent l’ombre allongée de mon corps m’a accusé d’être en retard et m’a averti qu’il était temps de retourner au logis. Quelquefois la nuit même m’a forcé de rebrousser chemin ; Vesper ou Diane succédant à Phébus m’ont montré la route et signalé les ronces épineuses. Voilà ce que je suis, voilà ce que je fais. Si la passion qui me tourmente se calmait, je serais heureux et me croirais né sous un astre trop favorable.

IV[1]. — À Lélius (Lello, di Pietro Stefano), gentilhomme romain.
Vaucluse réveille son amour qu’il croyait éteint.

J’ai un petit jardin qui réveille ma flamme éteinte en renouvelant les doux soupirs de ma vie passée. Là, les fleurs printanières émaillent le gazon ; au cœur de l’été, quand le soleil est au plus haut, vous trouvez mille ombrages ; l’automne vous fournit des fruits délicieux ; en hiver

  1. Épîtres, 1, 8.