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tude transalpine en laissant derrière moi ma trente-quatrième année[1]. Je vécus longtemps à Parme et à Vérone, et partout, grâce à Dieu, je fus aimé beaucoup plus que je ne méritais.

Depuis longtemps, sur le bruit de ma réputation, j’avais gagné la faveur de Jacques de Carrare le jeune, homme excellent, qui parmi les seigneurs ses contemporains n’a peut-être pas son pareil, je dis plus, qui, j’en suis sûr, ne l’a pas. M’adressant des messagers et des lettres jusqu’au delà des Alpes, quand j’y étais, et en Italie, en quelque lieu que je fusse, pendant nombre d’années il me fatigua tellement de ses prières et de ses offres d’amitié que, bien que je n’attendisse rien des riches, je résolus enfin d’aller le trouver et de voir ce que signifiaient ces instances extraordinaires d’un grand personnage que je ne connaissais pas. Je me rendis donc, tardivement il est vrai, à Padoue, où je fus accueilli par cet homme de si noble mémoire non seulement avec bonté, mais comme les âmes bienheureuses sont reçues dans le ciel, avec tant de joie, avec une

  1. Il y a ici une altération du texte. Pétrarque avait trente-sept ans lorsqu’il fut couronné au Capitole. Son départ de Parme étant postérieur à cet événement, il avait plus de trente-quatre ans.