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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

au Parlement mondial en vue du vote prochain, Harrisson se trouvait ainsi, malgré qu’il en eût, poussé dans l’arène électorale.

Le procès se termina dans une atmosphère d’orage.

Les plaidoiries des avocats furent d’une violence inouïe. La censure impitoyable des Nouvelles Générales énervait l’opinion et allait à l’encontre du but poursuivi. Des bruits étranges se colportaient malgré tout ; la moindre rumeur grossissait démesurément en circulant autour de la planète.

Les menaces anonymes pleuvaient sur les jurés. L’un d’eux, que l’on soupçonnait d’hostilité à l’égard des inculpés, fut attaqué plus lâchement encore : ses deux enfants disparurent, emmenés comme otages et séquestrés en attendant le verdict.

Ces violences gâtèrent une fois de plus la cause des inculpés. La condamnation tomba, impitoyable : c’était la mort pour quatre des principaux coupables et, pour tous les autres, l’internement temporaire dans un établissement de correction psychique. Cette dernière peine semblait à certains plus cruelle que la mort.

Livrés à des psychiatres spécialisés, les condamnés étaient soumis pendant plusieurs mois à un traitement progressif qui désagrégeait peu à peu leur personnalité. La volonté sombrait dès les premiers jours ; puis, l’une après l’autre, toutes les facultés de raisonnement ; enfin la mémoire s’évanouissait aussi. Les patients tombaient à une profonde léthargie mentale, à un état de vie ralentie comparable, par la confusion des réflexes, à la vie utérine. Quand ils en étaient là, on leur refaisait une personnalité nouvelle. Mais cette deuxième partie du traitement, beaucoup moins rapide que la première,