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HARRISSON LE CRÉATEUR

privilégiés, parmi les pontifes de la science officielle…

L’attaque était directe, naïve, absurde. Cependant, on laissa parler Lahorie jusqu’au bout. On n’agissait pas, avec le célèbre poète, aussi cavalièrement qu’avec un rhéteur inconnu. Quoi qu’il dît, d’ailleurs, sa parole éloquente secouait l’immense auditoire ; ses ennemis eux-mêmes subissaient le charme.

L’accusation riposta en faisant citer Harrisson. Celui-ci parla au cinétéléphone, sans quitter le laboratoire où il travaillait près de Lygie. En quelques phrases très simples, il se disculpa.

Puis, une question de la défense l’amena à demander l’indulgence du tribunal pour les inculpés et surtout pour le physicien, aucun texte ne prévoyant, en effet, de sanction contre la faute initiale de ce dernier. Et Harrisson fut encore insensiblement conduit à déplorer l’absence d’organisation du travail scientifique. Une fois de plus, avec toute la force d’une conviction accrue, il jeta le cri d’alarme.

Sa déposition, qui, dans le principe, ne visait qu’à répondre à une question précise, prenait ainsi une signification plus vaste. Elle eut un retentissement inattendu, soulevant, d’ailleurs, plus de protestations que d’applaudissements. Beaucoup de groupements, acquis aux théories individualistes renouvelées de l’antiquité, accusaient Harrisson de pessimisme réactionnaire. Cependant, même parmi le peuple, on ne pouvait tenir pour négligeable la pensée d’un savant aussi justement célèbre. Des discussions fort vives s’engagèrent entre partisans de Lahorie et partisans de Harrisson. Le premier ayant déjà posé sa candidature