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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

mettant de définir avec précision les caractéristiques mentales du sujet.

Celui-ci ayant, une fois de plus refusé de désigner de bon gré ses complices, le juge, après les sommations d’usage, annonça solennellement que la question musicale serait appliquée le lendemain à midi, heure locale, suivant les formes ordinaires. Deux minutes plus tard, des protestations véhémentes, venues de tous les points de la terre, sortaient des écouteurs.

À l’encontre des épreuves préliminaires, la question musicale s’appliquait en public ; elle pouvait être suivie et contrôlée par tous, sur les écrans cinétéléphoniques.

À l’heure fixée, l’inculpé fut amené au laboratoire de psychologie judiciaire, où on l’immobilisa sous une cloche en treillage isolant, imperméable aux ondes psychiques venant de l’extérieur. Les curieux étaient en petit nombre au laboratoire ; deux agents suffisaient à les tenir à bonne distance. Mais, en revanche, des milliers de spectateurs lointains suivaient passionnément la scène. Afin d’assurer une transmission parfaite, une violente lumière artificielle, s’ajoutant à la lumière du jour, éclairait le laboratoire.

Les préparatifs durèrent cinq minutes à peine, le temps d’accorder les inducteurs de psychologie au casque métallique dont on avait coiffé l’inculpé. L’appareil de contrôle, une sorte de microphone ultra-sensible, émettait, dès que le synchronisme était établi, un son continu d’intensité à peine variable, semblable au bourdonnement très grossi d’une ruche en plein travail. Pour certains inculpés, réfractaires à l’influence, ce synchronisme durait peu ; mais le moindre désaccord entre le cerveau