Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

cette première décision de justice provoqua, parmi le peuple des parallèles, une vive agitation.

Le régime politique, en effet, n’allait pas, pour les inculpés, sans de graves inconvénients.

L’assassin vulgaire pouvait espérer bénéficier d’une dédaigneuse pitié. Contre le crime isolé, banal, la société réagissait sans brutalité ; elle brisait sans haine le geste monstrueux mais individuel, témoignage d’un retour à une barbarie trop lointaine pour être véritablement contagieuse.

Au contraire, elle se mettait violemment en défense contre les crimes politiques aux répercussions hasardeuses.

La civilisation scientifique avait noué entre tous les hommes les fils d’une solidarité si complexe, il existait un tel enchevêtrement d’intérêts, le désordre pouvait amener de telles catastrophes, que les rudes légistes du premier siècle n’avaient pas hésité à armer fortement la société contre les trublions frénétiques.

Alors que les inculpés de droit commun bénéficiaient d’un régime assez bénin, recevaient du dehors les Nouvelles Générales et correspondaient même, sous certaines conditions, avec leurs familles, les politiciens étaient isolés et mis au secret. L’accusation pouvait, en outre, user à leur endroit de procédés subtils et énergiques qui n’étaient pas sans rappeler quelque peu, dans le principe, la torture des âges barbares.

C’est ainsi qu’un expert psychologue fut immédiatement adjoint au magistrat instructeur chargé de l’affaire des grévistes. Depuis le troisième siècle, la psychologie était, en effet, une science expérimentale ; de délicats appareils permettaient l’in-