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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

III

UN PROCÈS POLITIQUE


L’attentat des grévistes n’avait fait qu’une vingtaine de victimes. Mais les passions politiques, très échauffées à l’approche des élections générales, donnèrent à l’affaire un retentissement énorme.

Presque toutes les victimes appartenaient aux classes dites privilégiées ; c’étaient des agriculteurs, des ingénieurs, des légistes, des fonctionnaires importants. L’indignation fut grande parmi les populations méridiennes.

De leur côté, les parallèles accusaient la brutalité policière, les agents provocateurs du ministère des Fêtes, et faisaient remonter la responsabilité jusqu’au Conseil-Suprême, qui, non content de repousser les demandes justifiées des sous-agents, en venait à les brimer, à leur refuser le droit de manifestation.

Dans chaque parti, quelques hommes sages essayaient en vain de ramener l’affaire à ses proportions véritables. On ne les écoutait pas, ou bien on les vilipendait. La parole était aux agités et aux pêcheurs en eau trouble.

Le cinétéléphone portait les discours des exaltés jusqu’aux maisons isolées des réseaux secondaires. Des pulsations ininterrompues de violence secouaient l’humanité, réveillaient les instincts assoupis, désé-