Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
HARRISSON LE CRÉATEUR

— Assassins !… Assassins !… Vengeance !

De leur côté, les policiers, perdant tout sang-froid, braquaient leurs lance-torpilles. C’était là une menace grave et dont ils usaient rarement. Un seul projectile pouvait non seulement pulvériser n’importe quel appareil touché de plein fouet, mais, éclatant au milieu d’un groupe, dérégler les moteurs et faire tout sauter.

Les grévistes, surpris, cédèrent ; ils disparurent vers l’est, fuyant à toute vitesse.

Mollement balancée par le vent, une dernière banderole continuait à flotter : « Gare aux surprises ! » Les policiers la détruisirent.

Le drame, rapide et brutal, avait laissé une angoisse au cœur de tous. Angoisse accrue, d’instant en instant, par la clameur furieuse qui venait à présent des quatre coins de l’horizon et dont retentissaient tous les écouteurs :

— Vengeance ! Vengeance !

La bataille de fleurs avait cessé. Les avions rentraient leur gréement de fête et se préparaient au départ. Un express, lourdement chargé, montait déjà de la gare aérienne. Les derniers officiels et de nombreux promeneurs dirigeaient leurs appareils vers la haute clarté de la zone publique voisine.

Brusquement, cette clarté s’éteignit ! Et s’éteignirent en même temps toutes les nébuleuses de l’atmosphère et toutes les lumières qui jouaient à la surface de la terre.

Une nuit soudaine s’abattit sur le pays ; seuls brillaient encore les feux des avions à moteur indépendant. On apercevait des étoiles et le mince croissant de la lune.

Harrisson s’était précipité vers les écouteurs ; ils ne fonctionnaient plus !