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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

chez elle, l’art de la danseuse. Chacun de ses pas sur le plateau sonore, chacun des gestes de son corps superbe, éveillaient des accords langoureux et passionnés.

Pourtant, ce soir, la danse merveilleuse ne soulevait point d’enthousiasme. Après les jeux violents, le spectacle d’art semblait fade. Seuls, les convives du banquet principal offrirent des applaudissements de politesse. Sylvia disparut, furieuse.

Les banquets lointains s’achevaient dans un brouhaha traversé de clameurs brutales. À plusieurs reprises, on entendit même le refrain révolutionnaire des sous-agents des parallèles. Un peu partout, la journée d’Avérine tournait à la manifestation politique. Pourtant, au banquet principal, les apparences demeurèrent correctes jusqu’au bout.

Au signal du premier officier de bouche, on donna de la lumière blanche. Les convives quittèrent la salle, silencieusement et en ordre, sous les regards sévères des fonctionnaires gens de maison.

Harrisson rejoignit Avérine sur la terrasse du 1.47. Lygie, qui se trouvait déjà près du vieillard, ne put retenir un geste d’étonnement en apercevant le jeune savant. Harrisson éprouva le besoin de justifier sa présence et, à voix basse, il répondit à la question devinée :

— Oui… C’est vrai… Je devais partir ce soir… et, pourtant, me voici près de vous…

La jeune fille, appuyée à la balustrade, s’éloigna un peu ; sa parole se voila d’ironie.

— Cette soirée a mal commencé pour vous… elle finira donc de même.