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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

Elle avait à sa droite un émule de Harrisson, le Japonais Takase, souriant et courtois ; à sa gauche, Roume. Celui-ci pérorait, et Lygie semblait prendre un malin plaisir à lui donner la réplique, à le pousser au plus haut de sa gloire.

— Ne pensez-vous point, maître, que vos surhommes tertiaires se puissent concevoir comme des dieux ?… ou, tout au moins, des demi-dieux de légende ?… Peut-être furent-ils de purs esprits ?…

— Mademoiselle, mes travaux ont prouvé qu’ils furent au contraire des êtres matériels doués d’une vie analogue à la nôtre… avec, pourtant, quelques singularités que je me propose de déterminer.

— Alors, maître, il faut admettre l’évanouissement catastrophique dont a parlé tout à l’heure notre confrère Harrisson…

Roume riposta aussitôt :

— Notre honorable confrère n’a fait que reprendre une hypothèse émise par moi-même depuis longtemps déjà… C’est la première qui s’offre à l’esprit… Mais il en est d’autres… Celle, par exemple, de l’émigration totale des surhommes vers une autre planète.

Des rires discrets coururent ; mais Lygie, imperturbable :

— Cela expliquerait bien des choses, peut-être… Qui oserait jurer que nous ne sommes pas demeurés sous la domination de ces émigrants ?… que les mouvements saugrenus de notre pauvre humanité ne sont pas dirigés à distance par la volonté narquoise de nos anciens maîtres ?… D’ailleurs, le protoplasme tumultueux si bien étudié par nos confrères Harrisson et Takase…

Roume interrompit :

— J’ai été le premier, dit-il, à mettre en lumière