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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

exclamations, des trépignements, d’aigres bordées de coups de sifflets. Puis, comme sur un signal convenu, des applaudissements furieux couvrirent tout, et un long cri jaillit, poussé par des millions de poitrines.

— Justice pour tous !… Justice !

Sur un signe du président, l’agent cinétéléphoniste fit encore une fois tomber l’obturateur. Dans la salle, les esprits s’échauffaient ; quelques délégués s’étaient levés et gagnaient la sortie.

Cependant, le calme, peu à peu, se rétablit. Un agriculteur parla ; après lui un ingénieur des centrales. Leurs discours ne prêtaient pas à controverses ; ce n’était que l’exposé des progrès considérables que l’on devait à Avérine dans l’ordre matériel, pratique et immédiat.

Roume leur succéda à la tribune. C’était un savant de valeur, mais d’une réjouissante vanité. Il sembla vouloir aborder la question par son côté philosophique, mais, par des glissements, d’insidieux détours, il en vint à parler purement et simplement de ses travaux personnels, à exposer sa dernière et retentissante découverte : l’existence des surhommes antédiluviens, arrivés à un état prodigieux de civilisation, et dont la race avait complètement disparu au début de l’ère tertiaire.

L’exemple de Roume fut contagieux. D’autres savants se montrèrent également soucieux de faire connaître au monde entier leurs succès, leurs espérances, leur gloire. L’un d’eux, dont les théories avaient soulevé quelque hilarité, en appela au témoignage de Harrisson. Tous les yeux se tournèrent vers l’élève préféré d’Avérine et, bientôt, toutes les voix l’appelèrent.

On s’étonnait de ne pas l’avoir entendu ; nul