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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

avec sa cour de jeunes aèdes pervers et de jolies femmes détraquées.

Toute la journée, le ciel fut sillonné d’appareils. Des promeneurs s’écartaient de leur route pour saluer au passage le 1.47. La curiosité en amenait quelques-uns, le snobisme les autres. Beaucoup se contentaient de survoler lentement la région ; aux points désignés par les policiers, ils laissaient choir une pluie de fleurs énormes qui descendaient mollement, suspendues à des parachutes étincelants de pierreries artificielles. Les voyageurs qui désiraient atterrir devaient faire un grand circuit et prendre la file derrière un guide qui les amenait aux garages préparés pour la circonstance. Craignant que son arrivée ne passât inaperçue, Roume, le plus vaniteux des savants, troua le rideau d’agents et tomba des nues comme un obus en un luxueux appareil du dernier modèle. Interpellé aussitôt par deux policiers, il fit tout le tapage qu’il fallait pour attirer sur lui l’attention.

Les dames étaient en grand nombre. Sortant de leurs avions capitonnés, de riches Fuégiennes, des Canadiennes, des Suédoises se réfugiaient bien vite à l’ombre, ou bien elles rejetaient leurs fourrures et ouvraient de légères ombrelles métalliques. De grandes dames congolaises, des Colombiennes, des Indo-Chinoises recherchaient au contraire le soleil et serraient autour de leurs épaules de somptueuses écharpes, garnies de filaments radioactifs producteurs de chaleur.

Quelques habitants du voisinage vinrent par terre. Les voies ferrées modernes ne servaient plus au transport des voyageurs, mais les routes, les belles routes aux larges chaussées vitrifiées, étaient encore très fréquentées. De nonchalantes voitures,