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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

craintes… L’Académie publierait sans examen suffisant. Laissons passer les fêtes du centenaire… Après, nous étudierons, nous verrons…

— Tout le monde n’a pas vos scrupules, observa Lygie. J’écoutais tout à l’heure les Nouvelles Générales. Le cousin de Lahorie, Roume, le physicien-géologue, annonce à grand fracas sa prétendue découverte d’une civilisation tertiaire bien supérieure à la civilisation humaine. Selon Roume, la terre aurait été habitée, pendant des milliers de siècles, par des êtres doués d’un savoir immense et à qui nos lointains ancêtres auraient servi de bêtes domestiques.

— À la bonne heure ! dit Harrisson ; les sujets de discussion ne manqueront pas au congrès du centenaire !… À ce propos, Lygie, vous qui écoutez la presse et qui savez les nouvelles, pouvez-vous me dire si le programme est arrêté ? On me le demandait tout à l’heure… Y a-t-il un numéro de danses ? J’aimerais qu’il y eût des danses…

Lygie détourna la tête ; sa main gauche s’appuya à la cloison.

— Je ne suis pas renseignée sur ce point, répondit-elle ; mais des danses me semblent, en effet, inévitables.

Harrisson fut surpris par le ton d’ironie. Il remarqua aussi la pâleur soudaine du visage et le tremblement de la petite main mutilée.