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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

« Tant que cela se produit sous mes yeux, en tout petit, le danger n’est pas bien grave ! »

Bien qu’il fût déjà tard, il se leva dans l’intention de descendre encore au laboratoire.

À ce moment, une sonnerie légère se fit entendre ; Harrisson s’avança vers le fond de la salle, appuya sur un petit levier métallique et, aussitôt, sur l’écran démasqué du cinétéléphone, Sylvia la danseuse apparut. C’était une Égyptienne, réputée pour sa beauté, son talent, et quelques aventures retentissantes, notamment avec le poète Lahorie et avec un belluaire célèbre pour qui elle s’était battue en duel. Depuis plusieurs semaines, elle recherchait Harrisson et ne s’en cachait pas.

Le jeune savant s’inclina galamment devant l’appareil et murmura un compliment banal.

— Savez-vous, demanda tout de suite Sylvia, savez-vous si l’on me priera de danser aux fêtes du centenaire ?

— En pouvez-vous douter ? répondit Harrisson. Vous serez la reine de ces réjouissances ! Vous danserez sous les yeux des foules innombrables ! Vous danserez pour la terre entière ! Et tous les vieux savants chenus…

— Assez ! dit-elle ; pas d’impertinences ! Je me moque des foules et plus encore des vieux savants chenus… Parlons sérieusement ! C’est vous qui aurez les honneurs de la journée… pour les travaux miraculeux dont vous m’avez vaguement parlé… Oui ! Oui ! ne secouez pas la tête !… Vous serez le triomphateur… Je le souhaite ! Je le veux !…

D’un geste rapide, elle rejeta l’écharpe qui recouvrait ses admirables épaules bleues.

— Donc, reprit-elle, je puis compter sur vous pour qu’on ne m’oublie pas ?