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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

gaz instables ou une impalpable poussière métallique, spontanément radioactive. Depuis plusieurs années, Harrisson étudiait le rayonnement de ces systèmes artificiels et son action sur les colloïdes. Isolant ingénieusement chaque radiation, éliminant les actions antagonistes, il avait constaté l’apparition de nombreux organismes vivants qui, presque tous, semblaient réagir sous des influences astronomiques inconnues. La vie ainsi créée offrait des caractères d’une diversité extrême. La vie ordinaire des êtres terrestres n’en représentait qu’une variété, variété médiocre au demeurant, bien moins intéressante pour le savant que celles groupées sous les vocables généraux de vie intermédiaire, vie uniforme et vie tumultueuse. Le protoplasme tumultueux, qu’étudiait plus spécialement Harrisson, jouissait de propriétés déconcertantes, réagissait avec une vivacité prodigieuse sous l’action des agents physiques ordinaires, réalisait d’étranges transmutations productrices d’énergie, provoquait enfin dans les organismes doués de vie ordinaire des troubles profonds : agglutination rapide ou prolifération inouïe de certains éléments cellulaires.

Des sciences nouvelles allaient naître : de grands et nombreux problèmes se posaient. Et Harrisson se demandait si l’on n’allait point trouver devant soi quelque immense danger. Déjà, au troisième et au quatrième siècle, la biologie, la médecine, la psychologie avaient vu, à plusieurs reprises, la route barrée. Les entreprises audacieuses des physiciens du sixième n’allaient-elles point conduire l’humanité au bord du gouffre ?…

La science, en ce commencement de siècle, apparaissait de nouveau avec un inquiétant visage révolutionnaire.