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HARRISSON LE CRÉATEUR

d’Avérine. Le sixième, enfin, s’ouvrait sur de vastes horizons. La vieille théorie de la dégradation de l’énergie cédait la place à des conceptions infiniment audacieuses ; la possibilité de créer apparaissait. Des rideaux, jusqu’à présent très opaques, se déchiraient ; l’humanité semblait approcher de l’âge métaphysique.

Durant ces cinq siècles, la marche de la civilisation avait été étroitement déterminée par le progrès des sciences. L’organisation sociale, en cette année 525, ne ressemblait guère à celle des derniers âges chrétiens. À cette époque lointaine, il semblait que les villes dussent absorber peu à peu la totalité de la population de la planète. Or, les villes, saccagées pendant la tourmente finale, ne s’étaient pas relevées de leurs ruines. Les mots de « campagnard » et de « citadin » n’avaient plus de sens à l’ère universelle.

La désintégration atomique ayant mis de bonne heure à la disposition de l’homme une quantité prodigieuse d’énergie, les ingénieurs avaient entouré la terre d’un réseau de zones de forces correspondant à peu près aux méridiens anciennement adoptés et aux parallèles ; entre les lignes principales, se trouvaient, de minute en minute, des lignes secondaires. Cet immense réseau public fournissait gratuitement l’énergie nécessaire aux services des transports aériens, terrestres ou maritimes, aux services de radiophonie et de télévision et, généralement, à tous les besoins ordinaires de l’existence. Les entreprises agricoles et industrielles, qui exigeaient des forces considérables, profitaient également du voisinage des zones ; tous les moteurs d’usage courant étaient réglés sur les moteurs publics, produisaient ou utilisaient les mêmes formes d’énergie et ne différaient que par la puissance. Aussi l’hu-