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HARRISSON LE CRÉATEUR

rares. Enfin les stations radiotéléphoniques, visées dès le début des hostilités et bientôt détruites, n’avaient été remplacées que par des installations de fortune à puissance limitée.

L’humanité, pantelante, était comme un grand corps énervé, aux réactions confuses et pénibles.

Le fléau, rapidement, gagna le monde entier. Bientôt, aucune lutte ne fut possible. Des maladies nouvelles firent leur apparition ; d’autres, réputées bénignes, prirent des formes foudroyantes. Certaines régions perdirent presque tous leurs habitants. Partout, des cadavres en décomposition jonchaient les campagnes.

La guerre avait cessé ; la mort, seule, triomphait. Dix ans après le début de la première épidémie, la Terre avait perdu plus du tiers de sa population : six cents millions d’hommes avaient succombé. Les survivants se débattaient contre la famine et retournaient à des formes de vie primitive. Çà et là, des tribus vivaient de chasse et de pêche ; d’autres commençaient à pousser des troupeaux de pâturage en pâturage. Des pillards, groupés autour d’un chef de bande, semaient l’épouvante. Les plus forts, les plus rusés et les plus cruels tendaient déjà à former une sorte d’aristocratie orgueilleuse et cynique.

La civilisation semblait disparue pour de longs siècles. L’ère chrétienne s’achevait par un crépuscule confus où flottait une immense odeur de cadavres.

Et cependant, trois cents ans plus tard, apparaissait une aube nouvelle…

L’historien insistait sur la cause de cette étonnante renaissance.

Malgré les apparences, la dernière époque de barbarie différait des époques primitives. C’était une sorte de coma succédant à une maladie grave,