Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

et doux comme des vierges, puis il descendit dans la plaine.

À son tour, il chercha l’homme sec. Ni lui ni ses compagnons ne portaient la massue ; mais pour adoucir l’étranger et capter sa confiance, ils avaient des fruits, des champignons délicats, des viandes dont le feu avait développé l’arôme et des couronnes de feuillage adroitement tressées.

Lentement, ils parcoururent la plaine dans tous les sens ; ils allèrent jusqu’aux bords du ciel, jusqu’aux fourrés lointains, voisins des fourrés du soleil. Mais, sur ce point de la terre, la race maudite était à jamais disparue.

Nouhou dut renoncer à l’impossible amitié.

Ses voyages se firent moins longs. Au pied de la colline, il tenta l’alliance avec des oiseaux et s’ingénia à imiter leurs chants.

Délivrée de toute menace, la tribu retrouvait sa gaieté ingénue. Les flammes inquiétantes s’éteignaient aux yeux des chasseurs. Le bruit des voix était vif, mais doux comme un ramage d’oiseaux dans les feuillages profonds.

Car les jours de grande lumière étaient venus…

Les femmes avaient de beaux gestes arrondis. Les vierges au pied leste couraient vers les fourrés ; leur rire, tombant comme une pluie légère, troublait les chasseurs nonchalants.

Tout à coup, la joie de la tribu s’épanouit comme la fleur soudaine du feu. Les fêtes du soleil et de l’amour commencèrent.

Le vieux Nouhou dirigeait les danses et les chants.

Avant l’aube, alors que les couples lassés reposaient encore, il venait seul, sur les rochers blancs de lune, offrir le premier hymne du jour aux bêtes alliées ou rôdeuses, aux arbres chuchoteurs, à la