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UNE GENÊSE

III

LE CHANT DU MATIN


La tribu reposait dans une vaste grotte dont l’ouverture rocheuse dominait la plaine.

Le premier chef de chasse, Éléoum, fils d’Oréa, qui était fils de Ruhi, se leva sur sa couche d’herbes sèches et vint à l’entrée de la grotte. Les veilleurs donnèrent de la voix ; la tribu sortit du sommeil.

Les femmes ayant nourri le feu, les chasseurs s’approchèrent des grands foyers dont les flammes éveillaient la force de leurs membres.

Éléoum poussa un long cri d’appel. Dans les fourrés voisins, Horoho grogna, le museau dans la terre et Moûh souffla paresseusement sans bouger ; mais Ouhin accourut aussitôt.

La tribu mangeait. De jeunes chiens se disputèrent ; sous leurs dents, les os craquaient.

Enfin, le soleil jeta au ras de terre de longues flèches. Le vieux Nouhou s’avança sur la plate-forme de rochers ; des vierges le suivaient, couronnées de feuillage. La tribu fit silence. Nouhou chanta, les mains tournées vers l’astre ; le rythme de sa voix conduisait les gestes harmonieux des vierges.

Quand Nouhou se tut, la tribu jeta son cri.

Éléoum descendit dans la plaine, guidant les premiers chasseurs. Ouhin portait les hommes. Il