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UNE GENÊSE

rapidement le feu en plusieurs points. Le vent fit éclore d’innombrables fleurs rouges et les poussa jusqu’aux bords de l’horizon. Mangeant toutes les herbes de la savane, le feu chassa enfin les chiens-loups.

Cependant la région n’était pas sûre. La tribu erra longtemps. À plusieurs reprises, elle dut se cacher pour échapper aux regards des hommes volants. Elle contourna un vaste territoire où le feu avait tout dévoré. Des hommes marcheurs isolés, que le flair des chiens n’avait pu signaler et avec qui on se trouva soudain face à face, furent tués. De telles rencontres devinrent de plus en plus rares, et, bientôt, l’on cessa également d’apercevoir les hommes volants.

La tribu arriva dans une immense plaine boisée ; aucun homme n’y vivait. Elle s’y arrêta.

Samuel avait atteint sa plus grande force. Flore enfantait régulièrement. Hâ, Hahâ et les cadettes commencèrent aussi, à tour de rôle, à donner des fils et des filles. Puis Flore n’enfanta plus.

Bihihi avait dépassé Samuel en force et en vélocité. Ayant reçu, des mains de son père, le marteau de commandement, il était le premier chef de chasse.

Nouhou, au contraire, blessé dès sa jeunesse dans un combat contre Moûh, ne prenait point part aux grandes expéditions. Mais il était plein de patience et de ruse. Il fit l’alliance avec Moûh, son ancien ennemi, puis avec Bêê à la précieuse fourrure. Et il sut aussi attirer Horoho, qui vécut en familier.

Nouhou donnait des noms aux êtres et aux choses. Mieux que les femmes, il savait charmer les enfants par des cris continus et rythmés.