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I

L’HUMANITÉ STÉRILE


L’humanité ne comprit pas, tout d’abord, qu’elle venait de recevoir le coup de grâce.

L’éclosion de féeriques divers avait recommencé ; des formations spontanées évoluaient un peu partout ; aussi, le système 13 avait-il envahi le monde sans que personne n’en conçût de particulières alarmes. Entre tant de manifestations dramatiques se succédant sans répit, les avortements ne pouvaient attirer spécialement l’attention ; d’ailleurs, les communications cinétéléphoniques devenant de plus en plus difficiles et précaires, l’universalité du fléau n’avait même pas été remarquée.

Le dernier épisode de la tragédie se déroulait dans une morne horreur. Tardivement dociles à l’enseignement du 4.48, les hommes détruisaient les centrales, les zones, les laboratoires et jusqu’aux réserves de substances radioactives patiemment accumulées au cours des derniers siècles.

Mais, soit que cette destruction fût trop brusque, soit que fussent rompus des équilibres insoupçonnés, soit pour toute autre raison, l’ébranlement de l’éther tellurique persistait. Ce ne fut qu’après une dizaine de jours que le monde retrouva son ordinaire stabilité et que disparut le dernier féerique.