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HARRISSON LE CRÉATEUR

neurs, et que tous les savants de la planète se préparaient à fêter encore une fois, à l’occasion de ses cent ans. Le cinquième siècle de l’ère universelle porterait le nom de siècle d’Avérine. Il le portait déjà.

Harrisson, élève préféré du maître et véritablement son fils spirituel, avait l’ambition de continuer le grand œuvre. Il dirigeait l’institut Avérine, en ce vieux pays de France, célèbre par la richesse de ses souvenirs, la lumière délicate de son ciel, la douceur de ses horizons reposants ; en ce vieux pays charmant dont le clair langage avait fini, après bien des vicissitudes, par s’imposer à l’élite humaine, tandis que l’anglais, première langue universelle, perdait rapidement sa pureté et donnait naissance à d’instables patois.

Avérine habitait, à flanc de coteau, une maison rustique de style nettement archaïque, avec une charpente de bois, des murs de pierres et une couverture de tuiles rouges : une villa selon le goût d’un modeste bourgeois au déclin de l’ère chrétienne. Un beau parc entourait les bâtiments. À droite et à gauche, strictement alignées, d’autres habitations, séparées par de grasses cultures et d’odorants vergers. C’étaient, pour la plupart, des maisons d’agriculteurs, très modernes et très cossues, dont les toitures métalliques luisaient comme autant de miroirs multicolores. Quelques artisans ou fonctionnaires, employés aux centrales industrielles, habitaient également les environs ; leurs maisons, plus modestes, s’alignaient en direction perpendiculaire ou se groupaient en éventail autour de la gare d’avions qui desservait la contrée.

Au fond de la vallée, une rivière miroitait. Pendant de longs siècles, les hommes avaient utilisé la force vive de ses eaux ; mais la science moderne avait libéré la nature. Toutes les installations