Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

il encadrait le Refuge. Il vit la maison intacte, les parcs des alentours, la centrale voisine. Mais, soudain, entre les platanes de la chaussée, une troupe déboucha, hagarde… Une cinquantaine d’hommes et de femmes aux yeux saignants et que semblait conduire une furie…

Harrisson se redressa, livide. À ses pieds, Takase râlait. Il l’enjamba, courut vers la sortie. Les autres cherchaient aussi à fuir, affolés. Un des Américains buta, tomba la face en avant. Norrès et Roume, aveugles, se heurtèrent avec violence ; projeté contre un mur, Roume continuait le mouvement en ligne droite, poussait de la tête et des épaules en hurlant. Deux Américains et Harrisson parvinrent à la porte du laboratoire ; là, les Américains s’affaissèrent. Harrisson demeurait debout. Son avion était à vingt mètres, sur une petite plate-forme de départ. Il fit quatre pas puis se sentit chanceler. Il tomba sur les genoux, roula sur le flanc…

Alors il se mit à ramper. Il n’entendait plus rien ; une atroce brûlure était au fond de ses yeux ; cependant, il apercevait encore, comme à travers une brume, les objets les plus proches. Il atteignit la plate-forme et, d’un immense effort, réussit à se glisser dans l’appareil.

Ses doigts touchèrent les manettes. L’avion, comme une flèche, s’éleva obliquement en direction du 0.48.