Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
LA MÊLÉE

écoutez nos paroles !… La sécurité est assurée… Les armes sont brisées… Le frère embrasse son frère… La guerre est morte !… La justice à jamais régnera !…

Et, soudain, une clameur d’épouvante, venue des régions les plus lointaines de la terre, sortit des écouteurs.

— Le malheur est sur nous !… Trahison ! Trahison !

Le Japonais, dans une salle voisine, manœuvrait un appareil d’exploration ultra-rapide. Il annonça :

— Un féerique sur la Chine… parallèles 36 et 37… avec extension sur le réseau secondaire.

Les savants avaient pâli. Roume et les Américains entourèrent Norrès. Celui-ci, fiévreusement, lançait dans toutes les directions et en clair, l’ordre d’arrêt immédiat des centrales ; il insistait sur l’urgence, préconisait les moyens les plus rapides, les plus violents, les plus imprudents.

Demeuré seul, Harrisson, raidi, reprit son discours.

— Que personne ne s’alarme !… Une dernière épreuve vient de frapper nos frères d’Asie… Elle était prévue… Nous, physiciens du 4.48, ordonnons de nouveau que soient abandonnés, sur-le-champ, tous les laboratoires !

Une seconde clameur déchira l’air, puis on entendit l’écho d’une formidable explosion. Et l’observateur annonça :

— Un féerique sur l’Irlande… zone méridienne… À Java une centrale saute…

— Une centrale saute ! répétèrent Roume et les Américains.

Et ils se pressaient, fous d’angoisse, autour de Norrès.