Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

le 4.48 ; ils recevront individuellement les instructions personnelles que l’ingénieur en chef Norrès se dispose à leur envoyer… Notre découverte rend en effet indispensable un remaniement complet du réseau général… Que personne ne s’alarme à ce sujet : la nouvelle organisation sera infiniment supérieure à l’ancienne, elle assurera la sécurité et de surprenantes facilités de vie… Ayez confiance ! C’est une ère de joie qui va commencer !… Hommes de bonne volonté, regardez vers nous !… Les malentendus seront dissipés !… Il n’y aura plus de haine entre les partis… L’organisation nouvelle mettra tout le monde d’accord ; l’ordre s’établira naturellement sans que les faibles soient jamais blessés… Tous les hommes jouiront du bonheur… et la justice, enfin ! la justice régnera !…

Harrisson accumulait les promesses folles, évoquait les délices d’un fabuleux paradis. Pendant ce temps, Norrès s’était dirigé vers un autre appareil et il se préparait à envoyer aux centrales l’ordre d’arrêt, qui, pour une période sans doute fort longue, ramènerait l’humanité à l’impuissance…

Les rumeurs de la planète allaient s’adoucissant. Comme un malade, après quelque douleur effroyable, tombe délicieusement au sommeil, le monde semblait glisser à un engourdissement réparateur.

Harrisson parlait toujours… Il affirmait impérieusement, sans souci de la vraisemblance, trouvait d’instinct les grands mensonges bienfaisants et les gestes endormeurs. Ses phrases au retentissement mystérieux et profond passaient comme des ondes magnétiques sur l’humanité pantelante. Inlassable, il répétait :

— Je vous apporte la paix ! Moi, Harrisson, je vous ordonne la confiance !… Regardez vers nous !