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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

de sauver les zones !… Parle !… Ordonne ! juge ! condamne !

Harrisson secoua la tête.

— Plus simplement, dit-il, je vais mentir… Essayons de créer la paix en l’annonçant : il y a là, peut-être, une très faible chance de salut… Si nous pouvions gagner du temps !… Accompagnez-moi donc et soutenez-moi dans mes mensonges.

Ils s’approchèrent tous de l’émetteur universel et lancèrent le signal d’avertissement. Bientôt, les cris lointains s’éteignirent ; la douleur, la haine, la peur firent silence : sur des milliers d’écrans, le groupe sombre des savants apparaissait.

Harrisson s’avança de quelques pas et d’une voix forte, assurée, jetant comme une pierre chaque syllabe, il parla :

— Au nom des physiciens du laboratoire 4.48, moi, Harrisson, j’annonce à tous que le mal est vaincu !… Le mal est vaincu ! La guerre est morte !…

— Aâh !… Aâh ! Parle ! parle !…

Considérablement assourdie par l’obturateur, une rumeur immense déferlait dans la salle. Harrisson leva la main et le silence se rétablit. Il reprit fortement :

— La guerre est morte !… L’affreux danger qui menaçait les hommes est écarté ! Que chacun reprenne son sang-froid ! Que personne ne se cache plus ! Que le frère ne lève plus la main contre son frère, soit pour attaquer, soit pour se défendre… Car la guerre est terminée !… Nous venons de rendre la guerre impossible !… Nous vous apportons la paix…

— La paix ! la paix ! la paix !…

Le mot coulait comme une caresse divine sur la face endolorie de la terre. Toute violence semblait céder ; le jour redevenait lisse.