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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

feraient au retour, aux contes magnifiques et qu’on ne croirait pas, sur le paradis des hommes volants, sur les voitures vivantes et mille autres choses fabuleuses.

Tels Ibères du Bas-Mondego, ramenés en arrière de douze siècles seulement, partaient en guerre contre les chiens d’hérétiques de l’empereur Napoléon. Ils s’embusquaient dans les vergers, sur le bord des chaussées et, comme chaque passant avait à leurs yeux figure d’étranger, ils le tuaient sans pitié.

Un Grec, l’air convaincu, faisait donner le fouet à ses esclaves. C’était un criminel de droit commun et les esclaves, des experts psychologues d’une maison de correction qui se laissaient frapper sans élever la moindre protestation.

Non loin, un célèbre philosophe de l’école moderne dont le corps vétuste était animé par l’esprit d’une courtisane d’Alexandrie, parait de fleurs ses épaules décharnées et inscrivait au mur de sa maison le prix d’une nuit de joie.

Les Sardes touchés par le rayonnement étaient ramenés à des âges bien plus lointains encore, à des formes sociales à peine soupçonnées. Les plus civilisés, groupés en petites tribus, faisaient éclater des silex et veillaient avec un soin jaloux sur la fleur vivante du feu. Ils avaient un langage rudimentaire mais articulé. Les mâles s’invitaient à la lutte en se frappant la poitrine et en imitant le rugissement des fauves. Les femmes savaient sourire ; parmi les lueurs dansantes des grands foyers, elles ébauchaient des jeux rythmiques, mimaient en cadence les gestes de l’amour.

D’autres primitifs, beaucoup plus grossiers, armaient leurs poings de bâtons et de pierres brutes. Ils proféraient des sons gutturaux simplement