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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

voyait des affamés, étendus à terre, lever impétueusement leurs mains vers des fruits qui les tentaient à la cime d’un arbre, mais considérer, d’un œil tristement rêveur, comme chose hors d’atteinte, la nourriture que l’on plaçait à portée de leurs lèvres.

Plusieurs alignements encore intacts de l’Inde méridionale abritaient l’agonie de paralytiques délirants.

Paralytiques également mais lucides, les habitants des parallèles formosains. Les habitants des méridiens, atteints de rage féerique, parcouraient l’île par bandes hagardes et hurlantes ; ils se jetaient sur leurs adversaires immobiles et les navraient comme eussent fait des chiens.

Les Persans d’un alignement général surpeuplé devenaient en quelques heures poilus, griffus, prodigieusement sexués ; comme si une force invincible les eût poussés aux étreintes mortelles, ils s’agglutinaient en essaims et, râlant de fureur, s’étouffaient mutuellement.

Des Chiliens aveugles, phosphorescents et hilares fouissaient verticalement les parties meubles du sol et n’avaient de répit qu’ils ne fussent enterrés la tête en bas.

En Amérique centrale, se rencontraient, par petits groupes, des anthropophages sentimentaux et neurasthéniques ; des Mexicains rongeaient en pleurant le crâne de leurs enfants, mais après l’avoir épilé avec des précautions minutieuses et une tendresse infinie.

En de nombreux points des alignements européens, les habitants, même ceux qui paraissaient indemnes, résistaient mal à la tentation de goûter aux nourritures immondes.

Chez les Sibériens, où les dermites simples cau-