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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

Les gens de maison et les ouvriers des centrales cédèrent les premiers, puis ce fut le tour des météorologistes et des agents subalternes du bâtiment. Ils perdirent dans l’aventure les dernières libertés qui leur restaient.

Les vitrificateurs et agents des transports résistèrent plus longtemps. Ils ne vinrent à composition qu’après de nombreux actes de sabotage et de vives échauffourées où les miliciens firent usage de leurs armes.

Les gouvernants abusèrent de leur victoire. À la suite de jugements sommaires, des peines cruelles frappèrent ceux des vaincus qui s’étaient montrés particulièrement opiniâtres. Une centaine d’agents vitrificateurs ou des transports furent exécutés ; plus d’un millier condamnés à la correction psychique. Pour les autres, la situation devint bientôt intenable. Plutôt que de subir des brimades journalières, beaucoup préférèrent s’expatrier. Vingt mille personnes allèrent ainsi porter à l’étranger leur haine de la dictature méridienne.

Par ces émigrants, l’agitation politique, déjà si vive dans le monde entier, gagna encore en intensité.

Toute action internationale concertée étant, de ce fait, devenue impossible, les plans de reconstruction africaine furent complètement abandonnés. Le ravitaillement en denrées indispensables s’opérait encore grâce à des dévouements privés, mais d’interminables lignes de décombres marquaient toujours la place des habitations détruites. Les usines semblaient mortes à jamais et une triste végétation sauvage envahissait les jardins merveilleux de la zone équatoriale, naguère les plus beaux du monde.