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LA MÊLÉE

La guerre nationale prit fin.

Plus de deux cent vingt millions d’Africains avaient succombé. Les survivants, parvenus aux limites de la résistance humaine, tombaient à une morne hébétude.

Les secours affluèrent ; immédiatement après les policiers, vinrent les ambulances et les convois de ravitaillement.

Bientôt, on vit arriver aussi les émigrés, grands agriculteurs, chefs d’industrie, distributeurs, tous gens de méridiens qui avaient fui la tyrannie d’Endémios ou de Lahorie.

Avant même que les plaies fussent pansées, ils venaient réclamer âprement leur place. Ouvertement soutenus par les gouvernements méridiens d’Europe orientale et d’Asie, ils venaient aussi ranimer l’ardeur de leurs partisans et demander compte, à la racaille parallèle, des malheurs de la patrie.


La renommée de Harrisson éclipsa pendant quelques jours celle des plus bruyants politiques. Les Nouvelles Générales l’appelaient le sauveur de l’humanité. Au laboratoire 4.48 où il demeurait encore, il ne pouvait échapper toujours à la curiosité des foules et, beaucoup plus souvent qu’il ne l’eût désiré, le cinétéléphone reproduisait ses paroles et ses gestes. Habiles à suivre le flux et le reflux des sentiments populaires, les mêmes publicistes qui l’avaient naguère sottement combattu, chantaient à présent ses louanges. Les savants lui rendaient aussi pleine justice ; il n’était pas jusqu’au célèbre et vaniteux Roume qui ne le saluât comme le premier physicien du monde. Le directeur de l’institut Avérine offrit de renoncer à ses fonctions