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LA MÊLÉE

opiniâtre. Ils tentaient aussi des contre-offensives singulières ; c’est ainsi qu’ils faisaient donner leurs postes météorologiques. Diversions très peu efficaces qui se bornaient à de brefs orages, éclatant à la même heure, à la périphérie des territoires ennemis et dont les Lahoristes se gaussaient.

Le 5 juillet, des signes de lassitude et de désespoir apparurent chez les Sudistes.

Les cadavres, privés de sépulture, empestaient de nouveau l’atmosphère. En de nombreux cantons, la disette se faisait cruellement sentir. Les bandes lahoristes s’étaient infiltrées au sud du dixième parallèle, et de hideux massacres commençaient.

La Commission d’arbitrage intervint une fois de plus ; elle proposait la cessation immédiate des hostilités et l’ouverture d’une conférence de paix.

Ivres d’orgueil, les Lahoristes refusèrent ; ils voulaient exploiter leur succès, exigeaient que l’adversaire vînt lui-même à merci.

Endémios parla au nom des Sudistes. Sa réponse fut nette et simple, digne d’un ancien chef barbare :

— Le sort de la guerre, disait-il, n’est nullement fixé. Le serait-il, au reste, qu’il ne pourrait être question de déposer les armes tant que les morts ne seraient pas vengés, tant que les vautours du Nord obscurciraient, de leurs ailes sinistres, le ciel de la patrie !

Les Sudistes revinrent à la lutte avec une énergie désespérée. La rage des combattants ne respectait plus les établissements internationaux ; des ambulances neutres, imprudemment aventurées dans la zone de bataille, furent détruites. Les adversaires se trouvèrent d’accord pour demander le retrait