Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

tance ennemie. Au prix de pertes terribles, quelques-unes furent détruites et de vastes régions devinrent facilement vulnérables. La population du Sud se trouva exposée directement aux coups de l’ennemi. Les meilleures grottes n’offraient plus un refuge sûr, car les avions nordistes les bloquaient, en obstruaient l’entrée ou les pilonnaient jusqu’à l’effondrement. Un demi-million de malheureux furent ainsi enterrés vifs et succombèrent après une effroyable agonie.

Les Sudistes abandonnèrent les grottes ; des groupes furtifs se dispersèrent encore une fois dans les profondeurs des campagnes, jalousant les combattants de l’air qui, du moins, rendaient coup pour coup. Chez les Lahoristes, où personne ne doutait de la victoire complète et prochaine, la population, ne sentant plus sur elle la menace des torpilles et des avions ennemis, quittait également les refuges souterrains. Malgré les deuils innombrables, l’enthousiasme patriotique et religieux était à son comble. Pour suppléer aux avions qui combattaient au loin, on réparait fiévreusement les chaussées stratégiques. Des bandes fanatiques s’entassaient imprudemment sur les glisseurs et gagnaient la frontière. Le désir de vengeance brûlait les âmes ; on voulait aller chez l’ennemi, voir de près sa souffrance et sa honte. Les précautions élémentaires étaient négligées ; on partait, en masses compactes, sans armes sérieuses, sans vivres, sans même se ménager de moyens de retraite pour le cas où les chaussées seraient de nouveau coupées.

La défense des Sudistes faiblissait, il est vrai, d’heure en heure ; ils tenaient encore cependant, cherchaient visiblement à gagner du temps et certaines de leurs formations montraient une énergie