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LA MÊLÉE

mettre au point de nouveaux procédés de défense. Par des installations spéciales, rapidement édifiées, on cherchait à neutraliser l’énergie des centrales de guerre adverses. De plus en plus souvent, des projectiles voyageant à une hauteur suffisante pour échapper à l’influence des avions montés, déviaient pourtant de leur route. Parfois, avant d’avoir franchi la ligne frontière, ils s’arrêtaient court et faisaient explosion comme s’ils eussent heurté un invisible blindage vertical ; parfois aussi, ils étaient happés par des champs tourbillonnaires qui les envoyaient au sol pour le plus grand dommage de la région où ils tombaient.

Les torpilles devenaient ainsi d’un emploi malaisé et dangereux. Les avions montés réapparaissaient en grand nombre, sans toutefois s’engager à fond. La bataille arrivait à un point mort.

La Commission d’arbitrage décida, à la majorité des voix, d’offrir sa médiation. Par les Nouvelles Générales elle s’adressa aux peuples engagés dans cette horrible lutte fratricide et fit entendre, enfin, le langage de la raison. Mais chez les belligérants, l’opinion des masses ne comptait guère, ne pouvait guère s’exprimer. Les dirigeants, maîtres absolus depuis le commencement des hostilités, repoussèrent avec indignation une paix prématurée qui eût laissé les adversaires également diminués et sans gloire. Ils consentirent pourtant à un armistice de soixante heures.

Et l’on assista alors à un spectacle singulier et réconfortant. De tous les pays du monde, les secours affluèrent vers les régions dévastées. Les neutres communièrent en un grand élan de pitié fraternelle. On vit les mêmes hommes, qui avaient sournoise-