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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

Bataille méthodique, sinistre, effroyablement meurtrière. Elle atteignit sa plus grande intensité le 19 juin, cinquième jour. Le 20 au matin, on pouvait déjà estimer les pertes au dixième de la population totale. Plus de vingt millions de cadavres jonchaient la terre ou se consumaient dans la flamme des incendies. Le nombre des blessés était si grand et les opérations de sauvetage si périlleuses que l’on ne pouvait songer à les secourir tous.

Plus de la moitié des habitations étaient détruites ; on abandonnait celles qui restaient debout. Les gens se répandaient dans les campagnes, à bonne distance des alignements visés et se dispersaient autant qu’il leur était possible. On se réfugiait dans les grottes creusées huit siècles plus tôt, lors de la grande guerre chrétienne. La plupart de ces grottes étaient trop peu profondes pour garantir une réelle sécurité ; on s’y entassait quand même, faute de mieux. On en creusait de nouvelles ; de puissantes foreuses travaillaient sans relâche. Le 25 juin, une bonne partie de la population avait, tant bien que mal, réussi à se terrer.

La lutte, à ce moment-là, parut se ralentir. On avait fait, durant les premiers jours, une telle consommation de projectiles que les réserves de substances à désintégration explosive s’épuisaient rapidement. Des arsenaux avaient été détruits, le personnel décimé et la production générale interrompue par l’exode de la population vers les refuges souterrains.

Les nuées d’appareils automatiques diminuaient en nombre et en importance. En outre, les torpilles n’arrivaient plus aussi sûrement au but. On commençait en effet à songer aux mesures de préservation. Les physiciens des deux pays venaient de