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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

un jeune ingénieur, capitaine général des légions judiciaires, refusait net de remplir sa mission. Mis hors la loi, il ne fuyait pas, ne se cachait pas, en appelait à ses troupes, à l’opinion et même aux députés.

Le Parlement mondial siégeait en permanence au palais 60.330. Endémios s’y fit entendre. Il ne demandait rien pour lui et se déclarait prêt à accepter toute décision des juges ; il ne demandait rien pour son pays que le droit de résister à une agression inqualifiable ; mais il attaquait violemment le Conseil Suprême, lui reprochait son incapacité et son aveuglement. Il démontrait qu’une législation vieille de cinq siècles ne pouvait plus convenir à la société moderne. Les décisions des directeurs n’étaient pas l’expression de la volonté mondiale ; seule la Commission d’arbitrage, où toutes les nations étaient également représentées, avait qualité pour intervenir, le cas échéant.

Il ne demanda pas explicitement la déchéance des directeurs, mais d’autres la demandèrent pour lui, et le vote fut enlevé très facilement.

Abandonnés par une partie de la police, mal soutenus par le reste, les directeurs ne purent songer à résister. Le Conseil Suprême avait vécu.

La Commission d’arbitrage ayant constaté l’état de guerre entre les deux républiques africaines, les représentants des dix autres nations firent, au nom de leur gouvernement, une déclaration solennelle de neutralité.

Les décisions du Conseil Suprême furent immédiatement rapportées. On prit cependant quelques mesures indispensables. D’importantes forces de police, ayant pour origine les pays neutres, demeurèrent mobilisées ; leur rôle, d’ailleurs, devait se