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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

lante avec ardeur et jovialité. Elle sortit, ferma la cabine au verrou et prévint la police. À la gare de croisement du parallèle 30, les cinq députés blasphémateurs furent appréhendés et conduits en prison sous les injures et sous les coups d’une foule exaltée. L’un d’eux mourut des suites de ses blessures, la nuit suivante.

En Afrique du Sud, l’indignation fut intense et se propagea instantanément. Les milieux dirigeants, loin de calmer les masses, soufflèrent sur les passions populaires. Et, deux jours après l’arrestation des députés, un ultimatum tombait sur le gouvernement lahoriste ; un ultimatum d’une arrogance si intolérable que le monde entier tressaillit de surprise. La riposte vint immédiatement sous la forme d’un document du même genre et de ton plus âpre encore, où les Lahoristes affichaient avec impudence leur chauvinisme délirant, leur haine du voisin, le fanatisme agressif de leurs chefs religieux.

Il y eut, parmi l’élite mondiale, un instant d’effarement. Ceux mêmes qui n’avaient pas la claire notion du danger éprouvaient une sorte de vertige devant cette situation insolite. On écoutait du côté du Conseil Suprême, mais les directeurs ne faisaient entendre que de vagues appels à la modération ; dépossédés de leurs principales prérogatives, ayant à peine confiance en certains éléments de la police universelle, ils hésitaient à s’engager à fond.

Le Parlement mondial s’était ému ; il avait nommé une commission internationale d’arbitrage qui s’agitait avec bruit sans prendre aucune décision ferme. En fait, les dix nations non directement intéressées se retiraient discrètement, laissaient le champ libre aux adversaires ; elles semblaient attendre avec des sentiments troubles, où la curio-