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LA MÊLÉE

II

LA GUERRE AFRICAINE


Ils étaient cinq bons vivants, cinq Noirs du Sud-Afrique, députés au Parlement mondial, qui s’en revenaient vers leur pays par un express aérien du méridien 330. Le Parlement siégeait en effet, en cette saison d’été, au point 60 330, non loin des ruines célèbres d’une ancienne capitale slave. Les députés noirs n’avaient pas pris aux débats une part très active ; ils n’avaient pas davantage songé à visiter les ruines si curieuses de la vieille capitale ; mais ils avaient fait d’agréables promenades au-dessus de la banquise polaire, assisté à des spectacles très excitants et bu des vins joyeux. Ils s’en revenaient un peu fatigués, mais contents de la vie, en somme. Seuls, dans leur cabine, ils riaient à dents étincelantes, prenaient le nom d’Allah en vain et chantaient des refrains immodestes de leur pays. Tout alla bien jusqu’au quarantième parallèle ; mais l’express s’était à peine engagé au-dessus des terres d’Asie Mineure que des voyageurs musulmans protestèrent. Une surveillante lahoriste intervint sans tarder auprès des chanteurs. C’était une fille des îles égéennes, une vierge superbe aux grands yeux allongés. Oubliant la loi internationale, qu’ils avaient cependant votée et qui les obligeait au respect, les députés accueillirent la surveil-