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LA MÊLÉE

comme attentatoires à l’équilibre économique et s’ingéniaient à les contrecarrer. L’action des Sudistes, indirecte et sournoise, prenait le plus souvent la forme de brimades météorologiques. Des postes clandestins, d’une grande mobilité, transportés d’un point à l’autre de l’équateur ou voguant à la limite des eaux territoriales, neutralisaient les postes du Nord, déclenchaient au loin des bourrasques inexplicables, dissipaient les nuages artificiels amenés à grands frais au-dessus de la zone désertique. On commençait aussi à accuser les Sudistes d’agir, par des moyens mystérieux, sur la haute atmosphère dont certaines couches protectrices se trouvaient détruites par endroits, ou du moins, rendues transparentes à des radiations dangereuses pour la vie végétale.

Les Lahoristes excitaient encore la jalousie de leurs voisins par le développement considérable qu’ils prétendaient donner à un réseau national de voies aériennes ; ils excitaient leur méfiance par le zèle fiévreux avec lequel ils menaient jusqu’au parallèle 10, à travers la zone des déserts, de nombreuses chaussées sans utilité apparente et qui semblaient destinées seulement à jouer le rôle de voies stratégiques de secours. Sur ces chaussées, vitrifiées par un procédé secret, des véhicules glisseurs pouvaient atteindre des vitesses considérables, de même ordre que la vitesse des appareils aériens.

À ces motifs de querelle s’ajoutait une violente poussée religieuse des Lahoristes. La plupart des religions de l’époque chrétienne avaient à peu près disparu, au début de l’ère universelle, en tant que systèmes dogmatiques, mais, depuis un demi-siècle, un mouvement inverse de la pensée humaine se pouvait observer ; les masses revenaient aux