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LA MÊLÉE

Avec eux l’esprit nouveau entrait au Conseil Suprême.

Aussitôt après le sixième plébiscite, les lois organiques devinrent immédiatement applicables. Les directeurs ne maintenaient leur opposition que sur des questions secondaires concernant la police mondiale.

Dès lors commença une période de singulière effervescence.

Ce fut le bouillonnement confus d’une genèse.

Les bâtisseurs d’avenir se hâtaient d’assembler leurs matériaux, jetaient haut leur rappel enthousiaste et fiévreux. Repoussant dédaigneusement les prudentes disciplines de l’ère universelle, ils œuvraient dans l’allégresse, hardiment. Ils ne comptaient point parmi les justes ni parmi les sages, mais l’ardeur du geste sommaire et sûr suppléait chez eux à la débilité de la pensée. Comme les meneurs d’hommes des temps préscientifiques, ils n’étaient point des précurseurs, mais simplement de beaux barbares, dominant par la rudesse ou la ruse médiocre. Ils avaient le courage obstiné, l’orgueil claironnant des grands féodaux chrétiens, des hardis chefs d’État, d’armées ou de bandes. Ils en avaient aussi l’ignorance sereine et la profonde insouciance.

Et, derrière ces aveugles, on entendait déjà le piétinement des foules aventureuses et crédules.

Dans chaque patrie, les élections succédaient aux élections, les plébiscites aux plébiscites.

Les douze assemblées nationales se réunirent à peu près en même temps. Les parallèles triomphaient presque partout. Deux régions seulement, l’Europe orientale et l’Asie centrale, donnèrent la majorité aux méridiens. Ces régions, malgré