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HARRISSON LE CRÉATEUR

dant un centième de seconde, peut-être, s’étaient coupés les champs énergétiques, brillait une sorte de voie lactée en miniature. À l’intérieur d’un disque opalin, on apercevait nettement, à l’œil nu, des nébuleuses dont la plupart avaient déjà dépassé la période féerique. Jamais encore on n’avait obtenu pareil résultat. Lygie disposa les appareils enregistreurs et plaça dans la zone d’influence la série de ses réactifs colloïdaux ou vivants. Puis elle courut porter à Harrisson la bonne nouvelle. Aux premiers mots, il jeta un cri : il venait de remarquer la blouse, l’inutile blouse, absolument transparente pour les radiations du féerique 13 !…

Déjà Lygie pâlissait, traversée par une douleur soudaine.

Un célèbre gynécologue américain, ami de Harrisson, fut mandé en toute hâte. Durant les quatre jours qu’il passa près de la malade, il ne put que constater des accidents singuliers qui le plongèrent en un profond étonnement. Puis, les symptômes morbides disparurent, et la jeune femme, qui avait d’ailleurs fort peu souffert, retrouva la santé. Mais tout espoir de maternité semblait à jamais perdu.

Quand Lygie revint pour la première fois au laboratoire, elle eut une violente crise de chagrin. Harrisson, navré lui aussi, et plein de frayeur devant son œuvre, leva de nouveau le bras en un geste destructeur…

Mais, encore une fois, Lygie arrêta ce geste.

À toutes les raisons qu’on avait de poursuivre les recherches s’ajoutait, à présent, une raison nouvelle, absolument impérieuse : il fallait placer le remède à côté du mal.

Cependant Harrisson demeurait inquiet.