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HARRISSON LE CRÉATEUR

d’émotion, l’âme fermée aux agitations extérieures, repris tous les deux par le plus tyrannique amour.

Harrisson cessa complètement de parler au public. Son cri d’alarme avait cependant éveillé quelques échos ; une vingtaine de candidats, — des savants et des philosophes, — adoptaient son programme, constituant ainsi, sans aucune chance de succès, un faible parti à côté de la mêlée.

La lutte continuait, acharnée, entre les deux grandes masses des méridiens et des parallèles. Le jour du vote, les scrutateurs automatiques accusèrent la victoire indiscutable des parallèles ; Lahorie passait en tête de liste avec un nombre de voix imposant.

Pour la première fois depuis le commencement de l’ère universelle, une minorité compacte, combative, sectaire, se dressait en face d’une majorité arrogante arrivant au pouvoir derrière des chefs aventureux.

Harrisson apprit le résultat sans trouble et même avec un secret soulagement : au dernier moment, il avait appréhendé le miracle d’un succès.

Il fut cependant le premier à supporter les conséquences de la victoire de Lahorie. Avant même que les nouveaux élus eussent pris contact, une campagne fut ébauchée aux Nouvelles Générales contre le directeur de l’institut Avérine. Harrisson prit les devants. Il offrit sa démission et, quelques jours plus tard, en compagnie de Lygie, il quittait le 1.47.