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LES GARDIENNES

leur santé ou même de leur vie cette vaillance passionnée.

À Sérigny, une jeune femme des Cabanes enfanta en plein Marais, loin de tout secours et on ne la trouva qu’à la nuit tombante ; elle en mourut. Chez les Candé, la grand’mère eut la cheville sciée par une lame de faucheuse ; la blessure fut également mortelle,

La bru des Misanger tomba en langueur. Faible depuis son rhume d’hiver, elle gagna un mal de poitrine assez grave en revenant du Marais, dans le brouillard traître du soir, après une journée exténuante. Il fallut la soigner et la remplacer au travail. Maxime s’y employa, mais ses voyages personnels par les rigoles et les fossés lui prenaient bien du temps. L’aide la plus efficace vint de la Misangère et de Francine. Celle-ci faisait souvent double journée, travaillant comme un valet au Paridier et venant le soir à la Cabane où elle soignait la malade, pansait les bêtes et poussait fort avant dans la nuit quelque besogne de femme.

Avant la fin de son premier mois, on lui avait demandé de continuer ses services. Il fallait bien lui faire confiance et s’appuyer sur elle ; par la force des choses, elle prenait de l’importance dans la famille. Cela lui mettait au cœur une véritable allégresse et elle ne sentait pas la fatigue.

Le dimanche soir, elle était libre, mais n’en profitait point pour quitter Sérigny. Elle restait à la Cabane auprès de la malade où bien montait à la boulangerie chez Marguerite Ravisé. À la boulan-