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LES GARDIENNES

de combat et l’efficacité des armes. Nommant les généraux, il ne les jugeait pas.

À la Cabane, il dit à Léa, en peu de paroles, le bien qu’il pensait d’elle ; personne n’osa, devant lui, se plaindre de Maxime. Au Paridier, Solange, s’étant mise à pleurnicher, il lui parla sec et l’envoya promener. Il demanda combien la ferme avait produit de sacs de blé, l’année précédente, et combien de kilos de viande ; ensuite il fit des calculs, évaluant cela en rations de campagne. Le résultat lui parut insuffisant et il insista sur la nécessité de tout sacrifier au ravitaillement des troupes.

Traversant le village, le deuxième soir, il observa que beaucoup de femmes nourrissaient leur volaille avec du blé ou de l’orge. Il passa à la boulangerie, complimenta les jeunes Ravisé, mais finit cependant par des remontrances parce que leur pain était trop blanc. Le lendemain il fit part de ses observations au maire. Il s’arrangea aussi pour rencontrer les gendarmes ; il les arrêta et leur demanda s’ils n’avaient point d’ordres pour réprimer le gaspillage des céréales panifiables.

Il disait fortement les devoirs de chacun.

Le quatrième jour, il partit ; car, pour des raisons qu’il ne fit point connaître, il désirait passer la fin de sa permission dans la ville où il avait habité avant la guerre.

Francine, qui se trouvait à Château-Gallé, avait ciré ses souliers et ses jambières ; il la remercia sans beaucoup la regarder et lui tendit une bonne pièce qu’elle n’osa refuser.