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LES GARDIENNES

V


Après la grande bataille du printemps, Constant, le cadet, obtint une permission et vint passer quatre jours au pays.

Il était le préféré du père ; peut-être à cause de sa dure volonté qui, seule, était opposable à celle de la Misangère.

Depuis le commencement de la guerre, il avait gagné renom de bravoure et montré ses capacités. Les siens étaient fiers de lui.

Cette fois, il arriva avec la croix d’honneur et trois galons sur les manches. On le vit par les rues du village et le père Claude derrière lui.

Il ne travailla pas à la terre comme faisaient les autres permissionnaires. Chaque matin, il achetait le journal, le lisait, souriant amèrement ; parfois il se fâchait contre les écrivains, disait qu’il fallait les coller au mur ou bien les envoyer à l’assaut dans une formation de choc. On ne l’entendait point parler de ses anciennes occupations civiles ni faire de plans pour l’avenir. Il ne s’occupait que des choses actuelles de la guerre, évaluait à son prix le courage des soldats, aussi bien ennemis qu’alliés ou Français, faisait connaître les méthodes nouvelles