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LES GARDIENNES

paysage inconnu, comme elle eût souri devant un nouveau visage, comme elle souriait, malgré ses désillusions, à chaque détour de sa vie.

Léa sortit de la Cabane et lui parla avec amabilité avant de la mettre à la besogne.

Pendant deux jours, la servante fit grande lessive, Elle lavait au bord du canal, à quelques pas de la maison : devant elle, les bateaux voyageaient en grand nombre, la conche Saint-Jean étant très passagère. Elle levait la tête et se surprenait à les suivre du regard dans la pénombre des fossés où ils glissaient.

Le dimanche suivant fut pour Francine une journée remarquable. Maxime lui apprit à manœuvrer la pelle maraîchine et la perche. Il lui fit faire un grand tour du côté de Saint-Jean et elle en revint émerveillée.

À la Cabane, quand elle rentra, la Misangère s’occupait à préparer un colis pour chacun de ses soldats. Celui destiné à Clovis le prisonnier, devait être fait avec grand soin. La Misangère n’y voyant plus très bien sans ses lunettes, Francine offrit son aide. Elle enveloppa le paquet dans plusieurs papiers, puis dans une étoffe blanche qu’elle cousit à petits points.

Elle fit aussi le paquet pour Georges, ce grand garçon qui avait à peu près le même âge qu’elle et qui riait toujours. La Misangère parlait de lui avec Léa. Francine écoutait ; elle eût aimé être assez hardie pour poser quelques questions.