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LES GARDIENNES

Il les fit tomber dans le bateau devant Francine, afin de les tuer plus tard, quand il en aurait le temps, puis il rejeta son verveux à l’eau un peu plus loin.

Francine, mal à l’aise parmi ces crapauds qui sautelaient, songea enfin à parler en grande personne.

— Maintenant, dit-elle, mène-moi bien vite chez toi, petit ; 1] faut que je travaille !

Mais lui, de fort méchante humeur :

— Tu m’embêtes ! Es-tu chambrière à la Cabane Richois ?… Oui !… Eh bien, à la Cabane, le patron, c’est moi !

Et, d’un maître coup de perche, il mena son bateau dans une conche transversale. Il avait encore, par là, des cordes à lever ; ce n’était pas le moment de le déranger.

La première corde n’avait rien ; de même les trois suivantes. Maxime, rageusement, poussait sa perche.

— Rien !… Il n’y a que des crapauds dans la part aux Mazoyer. C’était bien la peine !

Il saisit la dernière corde au vol, sans s’arrêter, supposant que, là comme ailleurs, l’appât n’avait même point été touché. Mais, soudain il s’aplatit à l’arrière du bateau, immobile et frémissant comme un chat à l’affût. Lentement, il tirait sur la corde ; une bête de poids résistait ; au balancement il connut que c’était une anguille. Il l’amena avec précaution dans le sillage du bateau et, quand elle fut à fleur d’eau, il la fit sauter derrière lui, si bien qu’elle retomba sur Francine.

Celle-ci jeta un cri, se dressa avec vivacité, mais son mouvement donna au bateau un balancement