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LES GARDIENNES

avait servi ; elle semblait ne s’intéresser à rien, vivre au Paridier en attendant mieux et parce que le mauvais sort en avait décidé ainsi.

Le troisième soir, pourtant, Solange s’adressa à Francine d’une façon personnelle, et voici quelles furent ses paroles :

— Travaillant sans chapeau comme tu fais, comment peux-tu éviter les taches de rousseur sur ton visage ? Tu as donc la peau bien épaisse !

Ce n’était pas trop flatteur ; la servante, cependant, remercia d’un sourire.

— Il faut bien croire ! répondit-elle.

Ce soir-là, Francine se coucha la première. Solange devait, le lendemain matin, aller à Sérigny où se tenait un marché aux volailles ; pour se présenter belle devant tout le monde, elle avait quelques précautions à prendre. Elle passa une grande heure en face de sa glace à rouler ses cheveux sur de petits fers. Francine qui ne dormait pas, la regardait, intéressée par son habileté et sa patience, mais un peu surprise, car elle savait le mari prisonnier et très malheureux dans un pays d’Allemagne.

Le vendredi matin, Francine devait descendre à la Cabane. La Misangère arriva au Paridier de bonne heure, accompagnée de Maxime, son petit-fils, Maxime eut la tâche de conduire Francine par les ruelles du bas Sérigny qu’elle ne connaissait pas encore. Ce ne fut pas ce matin-là qu’elle apprit à les connaître ; aussitôt quitté le Paridier, en effet, Maxime entraîna la servante par un sentier qui