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LES GARDIENNES

— Vous venez donc servante ici ?… À votre âge, vous devez gagner un gros prix ?… De quel pays êtes-vous ?

— Je suis de l’Assistance, dit Francine.

— Ah ! vous êtes de l’Assistance !…

La vieille la regardait avec une curiosité un peu méfiante. Francine, gênée, reprit :

— Où est-ce donc, ce Paridier ?

— J’ai dit au Paridier, répondit l’autre… C’est peut-être à la Cabane Richois…

Puis, incapable, comme tous les villageois, d’indiquer clairement un chemin, elle montra le bourg et dit :

— C’est tout droit, par là : vous n’en avez pas pour longtemps !

— Je vous remercie beaucoup ! dit Francine.

Reprenant son paquet, elle descendit vers le bourg, marcha droit devant elle et s’engagea dans une ruelle qui finissait en eul-de-sac à la boulangerie Ravisé.

Juste à ce moment, un cheval sortit d’une cour sur la gauche, et trotta dans la ruelle, l’air capricieux. On l’avait envoyé boire ; trouvant ouverte la barrière de la cour, il en avait profité pour s’échapper. Francine leva son paquet devant la bête qui s’arrêta et fit demi-tour.

La porte de la boulangerie s’ouvrit ; Marguerite Ravisé parut au seuil, vêtue d’un long sarrau de toile bise. Elle regarda Francine et toutes les deux en même temps sourirent.

— Notre cheval vous a fait peur ! dit Margue-